Réutiliser ou recycler ? On fait le point sur la hiérarchie de traitement des déchets !

Et pour ce faire, on va s’attarder sur l’Ordonnance du 29 juillet 2020 qui concerne la prévention et la gestion des déchets : un texte discret mais fondamental pour préserver nos ressources !

Ces dernières décennies, la législation environnementale a été marquée par des textes emblématiques : Lois Grenelle, Feuille de route pour l’économie circulaire, décret « 5 flux », Loi AGEC, mise en place de la REP PMCB, la RE2020, etc.

Dans ce paysage, l’ordonnance n°2020-920 du 29 juillet 2020 semble passer inaperçue. Pourtant, bien qu’elle paraisse plus discrète, elle s’inscrit dans une continuité logique, notamment en lien avec le secteur du BTP. Elle mérite qu’on s’y attarde.

Parmi ses dispositions phares :

Article 3 : Un cadre renforcé pour le tri et la valorisation

Cet article aborde plusieurs aspects essentiels en préfigurant l’arrivée de la REP PMCB : la collecte séparée, les déchets de construction et de démolition, le remblayage, le tri à la source, et la valorisation matière.

Le tri à la source se réalise sur les chantiers de déconstruction ou de rénovation (appelés « sites de production de déchets »). Il consiste à curer et déposer les matériaux en les triant par type (bois, acier, verre, etc.).

Une fois considérés comme déchets, ces matériaux peuvent être collectés séparément pour être réutilisés, recyclés ou valorisés.

Mais c’est surtout sur la valorisation matière que l’article vient, selon moi, trancher un débat de longue date.

Rappelons la hiérarchie des modes de traitement des déchets (article L541-1) :

  1. Préparation en vue de la réutilisation
  2. Recyclage
  3. Autres formes de valorisation
  4. Élimination

La réutilisation consiste à donner une seconde vie à des matériaux, sans en altérer la valeur — ce qu’on appelle souvent « l’upcycling ». À l’inverse, la valorisation énergétique (ou « downcycling ») brûle les déchets, ce qui détruit leurs propriétés.

Prenons l’exemple d’un voile béton : il pourrait être découpé pour devenir un banc ou un muret, plutôt que d’être concassé en granulats pour une sous-couche routière.

Or, dans l’ordonnance, la valorisation est définie comme l’utilisation de déchets pour remplacer d’autres matières ou produits — une définition un peu floue. Heureusement, l’article précise que la valorisation matière inclut désormais : la réutilisation, le recyclage, le remblayage, ou le retraitement en matières premières secondaires (notamment dans les travaux de voirie et d’infrastructures).

Ce texte réaffirme donc la hiérarchie des modes de traitement, en réservant clairement la valorisation matière au domaine des infrastructures.

Le remblayage reste une forme de valorisation, mais il est moins prioritaire que le recyclage. De même, la réutilisation est à privilégier : mieux vaut réemployer du béton que le transformer en granulats.

Article 6 : Un déchet réutilisé… n’est plus un déchet !

Bonne nouvelle pour les artistes, designers et artisans « reconditionneurs »: dès lors qu’un déchet est correctement réutilisé, il perd son statut de déchet pour devenir une ressource.

Il faut simplement veiller à ce que la création respecte les normes en vigueur concernant les substances chimiques et les produits.

Article 11 : Interdiction de mélanger les déchets collectés séparément

Le mélange de flux de matériaux rend le recyclage difficile, voire impossible. C’est pourquoi cet article impose le maintien de la séparation tout au long de la chaîne de traitement. Cette pratique est déjà courante sur de nombreux sites en France, mais elle gagne ici une portée réglementaire. Il manque toutefois, à notre sens, un décret d’application en cas de non-respect.

Article 13 : Les produits préparés pour être réutilisés ou recyclés doivent l’être !

Complément logique de l’article 11, cette disposition vise à éviter que des déchets triés en vue d’être réutilisés ou recyclés ne soient finalement stockés ou incinérés. Une fois engagés dans une filière de valorisation, ils ne doivent pas en changer en cours de route.

En résumé

Discret mais fondamental, ce texte clarifie plusieurs points essentiels pour la gestion des déchets du BTP et réaffirme la priorité de la réutilisation sur le recyclage, et du recyclage sur toute autre forme de valorisation.